Amanda Dynes

Au cours des derniers mois, Hébergement femmes Canada (HFC) a collaboré avec la BC Society of Transition Houses (BCSTH) pour déployer le projet PEACE pour les enfants et les jeunes au Canada à l’échelle nationale, et ce, sur trois ans. PEACE vise à améliorer la capacité des maisons d’hébergement des régions nordiques, rurales et éloignées à travailler avec des enfants et des jeunes qui ont subi ou été exposés à la violence fondée sur le genre.

La coordinatrice de l’échange des connaissances d’HFC, Chandrabarna Saha, s’est récemment entretenue avec Amanda Dynes, intervenante auprès des enfants et des jeunes à l’Autumn House en Nouvelle-Écosse et participante au projet PEACE, qui a partagé ses réflexions au sujet de la formation.

Chandrabarna Saha: Comment avez-vous appris l’existence du programme de formation et de mentorat PEACE pour les enfants et les jeunes au Canada et quelle a été votre réaction initiale?

Amanda Dynes: J’étais très enthousiaste! La recherche étant centrale à ma démarche, j’aime me tenir au courant des nouvelles tendances d’informations. Surtout au début de la pandémie, lorsque nos rendez-vous en personne ont été interrompus, j’ai eu plus de temps pour explorer de nouveaux programmes. C’est alors que je suis tombée sur le site web de la BCSTH et sur les ressources qui s’y trouvent.

CS: Cette formation est proposée aux communautés nordiques, rurales et éloignées. La formation était-elle pertinente pour votre travail?

Amanda avec Pickles

AD: Absolument! Le contenu était vraiment pertinent à ce que je fais et je pense qu’il en sera de même pour n’importe quel membre du personnel d’une maison d’hébergement. Cela m’a donné de nouvelles idées et j’ai même eu envie d’aller acheter les mêmes marionnettes que celles utilisées par notre formatrice PEACE, Tracy Myers. Voici Pickles et Nutmeg dont les enfants raffolent jusqu’à présent!

La formation m’a permis de créer un type de lien qui fait souvent défaut dans les communautés rurales entre moi, les enfants, et les autres intervenantes et travailleuses auprès des jeunes. La plupart des maisons, comme la mienne, n’ont qu’une seule intervenante auprès des enfants et des jeunes. Le fait de pouvoir communiquer avec d’autres intervenantes qui connaissent ce public m’a apporté un sentiment de communauté rarement accessible pour une personne qui travaille en milieu rural.

CS: Quels sont, selon vous, les principaux éléments à tirer de cette expérience?

AD: L’élément principal est que je dois m’occuper de créer et maintenir des liens parce que dans ma communauté rurale, il arrive que je me sente isolée du fait d’être la seule personne à assumer mon rôle. Je peux faire un débreffage avec mes collègues, qui sont formidables et qui me donnent d’excellents conseils, mais ce n’est pas la même chose que quelqu’un qui occupe le même poste que toi.

CS: Y a-t-il quelque chose de la formation que vous emporterez avec vous et que vous allez incorporer dans votre travail avec les enfants et leurs mères?

AD: Eh bien, Pickles et Nutmeg en sont deux! Leur façon de parler rend aussi les choses plus accessibles aux enfants. J’ai vu un certain nombre d’enfants se détendre à leur contact et s’ouvrir à ces marionnettes. Cela m’a donné l’idée d’utiliser une partie des fonds que nous avons reçus en participant à la formation pour acheter d’autres marionnettes!

De plus, je veux me concentrer davantage sur l’intégration de la maman dans l’expérience. Selon mon expérience, le processus implique souvent une séparation entre le counseling des enfants et des jeunes et le counseling des parents. J’aimerais mettre davantage l’accent sur le rapprochement de la mère et des enfant afin de mieux soutenir la guérison et les liens familiaux.

CS: Recommanderiez-vous cette formation à d’autres maisons d’hébergement?

AD: Absolument! J’ai trouvé que la formation était très adaptée à mon emploi du temps chargé. J’ai un enfant en bas âge et l’heure proposée au départ pour la formation était telle que la garderie de ma fille devait la laisser sous le portique quelque peu avant mon arrivée! (rires) L’offre était assez flexible pour que nous puissions discuter, explorer des solutions pratiques et nous ajuster. J’ai trouvé que c’était un bon début, car cela a tout de suite établi une ambiance de collaboration et d’empathie.

La pandémie a également rendu les choses particulièrement difficiles pour les gens, notamment en ce qui concerne son immense impact sur la violence conjugale et la violence entre partenaires intimes. Je pense qu’il importe de revitaliser et de dynamiser notre objectif. Nous avons tous besoin d’une étincelle pour rétablir les liens après l’isolement, surtout dans les communautés rurales où il n’y a souvent qu’une seule intervenante qui s’occupe des enfants et des jeunes, donc le sentiment d’être détaché est amplifié encore plus.

Nous avons grand besoin de nous reconnecter et ce projet est un excellent moyen de le faire.

Apprenez-en davantage sur le programme PEACE grâce à cet entretien avec la formatrice Tracy Myers.

Cette interview a été modifiée pour des motifs de longueur et de clarté.