Le 30 mars 2023, la Commission des pertes massives a publié le rapport final de son enquête sur les fusillades de masse survenues en avril 2020 à Portapique, en Nouvelle-Écosse. Parmi les plus de 3 000 pages et 130 recommandations qu’il contient, on trouve 17 recommandations spécifiques à la violence fondée sur le genre.

Nous espérons que c’est la dernière fois que ce type de recommandations doit être formulé.

Ces recommandations comprennent des éléments cités dans des enquêtes précédentes et mis de l’avant par le secteur de la violence fondée sur le genre (VFG) depuis des décennies: Financement durable des maisons d’hébergement et des autres services pour les femmes; Reconnaissance de la VFG comme une épidémie; Meilleure compréhension de la violence entre partenaires intimes par la police et le système judiciaire; Révocation des permis de port d’armes à feu pour les personnes condamnées pour violence conjugale.

Des recommandations similaires avaient été formulées dans le cadre de l’affaire Renfrew, moins de deux mois auparavant. Sous la direction d’HFC, un groupe de 40 spécialistes en VFG de tout le pays avait formulé des recommandations similaires deux ans plus tôt dans son Rapport pour guider la mise en œuvre d’un Plan d’action national sur la violence faite aux femmes et la violence fondée sur le genre.

En août 2022, Kaitlin Geiger-Bardswich, directrice communication, développement et subventions d’HFC a déclaré à la Commission: Nous n’avons pas besoin d’autres recommandations. Nous avons besoin d’action.

Quand verrons-nous cette action?

Nous plaidons en faveur d’un Plan d’action national depuis plus de dix ans. Bien qu’un plan ait été annoncé l’année dernière, il n’est pas encore en vigueur car aucun accord n’a été signé entre les provinces/territoires et le gouvernement fédéral. Nous continuons à plaider en faveur d’une stratégie fédérale forte en matière de VFG. À ce jour, le gouvernement fédéral n’a pas encore fait part de ses projets de mise en œuvre des recommandations de la Commission relevant de sa compétence.

L’afflux de fonds fédéraux destinés aux maisons d’hébergement et aux autres services de lutte contre la VFG pendant la pandémie de COVID-19 prend fin dans trois mois, malgré les inquiétudes du secteur quant à la suite des événements.

Le rapport de la Commission appelait à un «financement à hauteur de l’épidémie». Les refuges, les maisons d’hébergement et les autres services de lutte contre la VFG doivent être financés à un niveau épidémique jusqu’à ce que les taux ne soient plus épidémiques.

Est-ce que les gouvernements vont collaborer pour mettre en œuvre ces recommandations, ou est-ce que nous allons nous retrouver dans deux, douze ou vingt ans, sans avoir rien appris? Ou est-ce que cette série de recommandations va enfin inspirer l’action, empêchant ainsi de nouvelles victimes et de nouveaux actes de violence conjugale au Canada?

Nous l’espérons. Et nous continuerons à nous battre pour qu’il en soit ainsi.

Ce blog est le quatrième et dernier de notre série sur la Commission sur les pertes massives. Voir les autres blogs ici Partie 1Partie 2 et Partie 3.