Cette semaine ont eu lieu deux autres rencontres du Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes sur le réseau de refuges et maisons de transition qui desservent les femmes et leurs enfants affectés par la violence faite aux femmes et la violence par un partenaire intime. Vous trouverez la liste des témoins à la fin du présent blog.
Hébergement femmes Canada trouve très décevant de constater que la majorité des témoins n’ont toujours pas abordé spécifiquement le réseau des refuges et maisons de transition (maisons d’hébergement) pour les femmes fuyant la violence.
La rencontre de lundi a réitéré le manque de compréhension et de clarté quant à l’objectif ciblé des travaux du Comité. Le mandat de l’examen utilise la phrase «refuges et maisons de transition qui desservent les femmes et leurs enfants affectés par la violence faite aux femmes et la violence par un partenaire intime». Les deux termes de «refuges» et «maisons de transition» sont utilisés parce que les établissements portent différents noms selon les provinces et territoires. Au Manitoba et en Alberta par exemple, une «maison de transition» héberge des femmes et/ou des hommes sans abri, dont certain-es fuient peut-être la violence, alors qu’une maison d’hébergement pour femmes reçoit exclusivement des femmes et leurs enfants fuyant la violence. En Colombie-Britannique et en Nouvelle-Écosse, les maisons de transition hébergent des femmes et enfants fuyant la violence alors que les refuges font référence aux organisations d’hébergement pour les sans abri.
Il semble bien que ce vocabulaire créé beaucoup de confusion. Plusieurs membres du comité semblent inclure dans ces expressions tous les types de solutions sous forme d’espace physique pour les personnes qui vivent l’itinérance, qu’elles fuient ou non la violence. C’est pourquoi le Comité a entendu plusieurs courtiers en hypothèques, agences immobilières et organisation s’occupant d’itinérance plutôt que des organisations axées sur la violence faite aux femmes (VFF) et l’égalité des femmes. Les refuges pour sans abri sont importants, et desservent certaines femmes qui fuient la violence. Les femmes fuyant la violence sont également, par définition, sans abri. Toutefois, devant la dilution du principal sujet de cet examen, HFC se demande si d’hypothétiques recommandations et mesures émises par le Comité seront pertinentes pour le secteur de l’hébergement des femmes contre la VFF.
Pendant la rencontre de lundi, les deux témoins indépendants des secteurs de l’immobilier et des hypothèques ont parlé des défis que doivent relever les femmes quand elles tentent d’obtenir des hypothèques, et du sentiment de pouvoir qu’elles ressentent quand elles peuvent assumer leur vie financièrement. Megan Walker du London Abused Women’s Centre a contesté cette notion en disant, «Je peux vous dire que sur les 6 000 femmes que nous avons desservies l’année dernière, pas une ne pourrait se permettre d’acheter une maison au prix du marché dans les 500000$. En fait, la majorité des femmes que nous desservons peinent à payer 1 300$ par mois de loyer quand elles ont des enfants à charge et tout le reste. Il faut réfléchir et ne pas perdre de vue la réalité.» Jayce Beaudin-Carver de Windsor-Essex Transgender and Allied Support a également ramené la conversation à la réalité que vivent les gens qu’elle côtoie: «Un lit pour dormir ce soir est un rêve, et encore plus une maison à quelque moment dans un avenir proche».
Nous avons vu encore et encore comment les membres du Comité considèrent la disponibilité de logements abordables comme un moyen de prévenir et/ou d’aborder l’épidémie de VFF. Mais comme l’a dit Megan, «Franchement, je ne veux pas parler d’immobilier et de maisons à 500 000$. Je veux investir de l’argent dans l’éducation afin que chaque enfant au pays apprenne la même chose au même moment à l’âge de 5 ans, et cela concerne la traite des personnes et la violence par un partenaire intime et tout le reste.» Ces sentiments ont trouvé un écho mercredi lorsque Travis DeCoste d’Antigonish Community Transit a dit, «C’est très malheureux, mais étant jeune aujourd’hui dans ce pays signifie que je ne peux pas accéder à une propriété actuellement, pas plus que ne peuvent le faire les femmes vivant de la violence conjugale.»
Les témoins du Québec, de l’Ontario et de la Colombie-Britannique qui ont présenté leurs mémoires mercredi étaient beaucoup plus en phase et ont directement abordé l’enjeu des femmes fuyant la violence. John Gerrard d’Habitat for Humanity à Halton-Mississauga a signalé l’importance de ne pas obliger les organisations à tout faire, mais de laisser les spécialistes en construction faire de la construction et les spécialistes en programmation se consacrer à l’offre de services, et non le contraire. Comme nous l’avons vu, les rencontres précédentes étaient souvent axées sur les espaces physiques plutôt que sur la programmation essentielle que dispensent les maisons d’hébergement aux femmes et leurs enfants qui fuient la violence. Melpa Kamateros du Bouclier d’Athéna a réitéré l’importance de la programmation pour les femmes qui ne parlent ni anglais ni français. Elle a expliqué que ces femmes ont moins facilement accès aux services par rapport à celles qui parlent une des deux langues officielles.
Que les femmes puissent accéder à des niveaux comparables de services, peu importe où elles vivent au Canada, est un objectif pour lequel HFC plaide depuis toujours, et qui a également été mentionné par deux témoins pendant la rencontre de mercredi. Une des recommandations de Melpa était que «Une politique pancanadienne sur le logement et la violence conjugale soit créée, la même de province en province, et qu’elle inclue le financement de services et aborde l’enjeu de la violence faite aux femmes dans une perspective globale et non dans une perspective qui tienne compte seulement du logement». Louise Riendeau du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale a plus tard ajouté, «Le Regroupement recommande que le Canada se dote d’un plan d’action national contre la violence envers les femmes et coordonne ses efforts avec les provinces et les territoires. Nous recommandons qu’il s’inspire du modèle de plan d’action qui a été présenté par différentes organisations réunies autour d’Hébergement femmes Canada.»
Pendant les deux rencontres, on a souligné l’idée d’un financement durable de la part du gouvernement du Canada. Présentement, plusieurs des propositions de financement sont axées sur l’exploration de nouveaux projets. Mais, comme l’a déclaré Megan Walker, «Je ne veux pas réinventer la roue. Nous savons déjà ce qui fonctionne le mieux… Nous n’avons pas besoin de mener plus de recherches. Franchement, c’est d’argent dont nous avons besoin, Nous œuvrons à sensibiliser davantage le public sur ces problèmes importants qui affectent les femmes, et à chaque effort de sensibilisation, nous recevons plus d’appels. Nous devons nous assurer que toutes les femmes reçoivent un accès immédiat aux services parce que toutes les femmes ont le droit de vivre et de jouir de leur vie libres de violence et d’abus. Nous abandonnons ces femmes présentement si nous ne pouvons pas les desservir». Melpa Kamateros a fait écho à ce sentiment mercredi quand elle a déclaré, «Ma recommandation, c’est la mise en place de plus de programmes de prévention, et que ces programmes soient financés par le gouvernement fédéral… Est-ce qu’il ne serait pas plus logique si des projets qui sont financés, et si des services sont créés qui sont très bons pour les clientèles vulnérables, que ces projets puissent être répétés?»
Le mercredi, le Comité a entendu un des rares témoignages d’une personne ayant une expérience vécue. Travis DeCoste d’Antigonish Community Transit, qui était témoin à titre organisationnel, a raconté comment sa mère a cherché refuge en Nouvelle-Écosse contre son père violent. Il a conclu son témoignage en disant, «Je réitère l’importance de permettre aux expériences vécues de faire partie de la solution, parce que qui sait mieux comment améliorer les services offerts que des personnes ayant elles-mêmes utilisé ces services». C’est une position qu’appuie fermement HFC. Nous espérons que le Comité va prendre en compte les récits de survivantes dans le cours du présent examen, tant des survivantes, que des travailleuses de première ligne en maisons d’hébergement qui peuvent rapporter ces récits en respectant l’anonymat.
HFC trouve également décevante l’absence totale d’organisations de femmes autochtones depuis le début de l’examen. Six des huit rencontres prévues ont déjà pris place et à ce jour, aucune organisation de femmes autochtones n’a témoigné. Nous espérons que plusieurs des témoins de la semaine prochaine viendront de ces organisations. Mais même dans ce cas, leur représentation générale demeurera désespérément faible.
La cinquième rencontre du lundi 29 octobre s’est tenue dans une période condensée d’une heure et demie en raison d’un vote à la Chambre des communes. Les témoins ayant comparu sont: Megan Walker (directrice, London Abused Women’s Centre), Jayce Beaudin-Carver (directrice, Windsor-Essex Transgender and Allied Support), Donna Mullen et Marilyn Ruttan (spécialistes en hypothèques et immobilier, témoignaient à titre individuel), Grace Costa (gestionnaire d’Eva’s Satellite, Eva’s Initiatives for Homeless Youth), et Alma Arguello (ditrectrice) et Tara Setaram (conseillère de crise, traite des personnes) de SAVIS of Halton.
La sixième rencontre du mercredi 31 octobre était divisée en deux périodes d’une heure chacune. Les témoins de la première heure étaient John Gerrard (PDG, Habitat for Humanity Halton-Mississauga), Marie-Ève Surprenant (coordinatrice) et Fabienne Héraux (intervenante sociale aux services externes, Maison de Lina) de la Table de concertation de Laval en condition féminine, et Melpa Kamateros (directrice, Le bouclier d’Athéna – services familiaux). Les témoins de la deuxième heure étaient Travis DeCoste (Housing Support Worker, A Roof Over Your Head, Antigonish Community Transit), Linda Lafantaisie Renaud (directrice, Centre Horizon pour femmes), Violet Hayes (Island Crisis Care Society), et Chantal Arseneault (présidente) et Louise Riendeau (coresponsable des dossiers politiques) du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.
Rencontre 5: Écoutez la rencontre d’une heure et demie ici
Rencontre 6: Écoutez la rencontre de deux heures ici
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