Deux nouvelles rencontres du Comité permanent de la condition féminine ont eu lieu la semaine dernière dans le cadre de son examen des maisons d’hébergement contre la VFF.

Le lundi 22 octobre, la 3e rencontre était divisée en deux parties d’une heure avec présentation de deux témoins à chaque fois. Les deux témoins de la première heure étaient Bonnie Brayton, directrice nationale du Réseau d’action des femmes handicapées du Canada et Arlene Haché, porte-parole communautaire. La deuxième heure a accueilli deux témoins représentés par 4 personnes: Martina Jileckova (PDG) et Lisa Litz (Director of Stakeholder Relations) d’Horizon Housing Society (AB) et Jeff Morrison (DG) et Dominika Krzeminska (directrice, Programmes et initiatives stratégiques) de l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine.

Le mercredi 24 octobre, la 4e rencontre a reçu pour la première fois depuis le début de son examen du personnel de première ligne de maisons d’hébergement contre la VFF. Pendant la première heure, le Comité a entendu Kristal LeBlanc, directrice du Centre de ressources et de crises familiales Beauséjour (NB), et Jennifer Lepko, PDG de YWCA Lethbridge and District (AB) (membre associée d’HFC). Une demi-heure additionnelle a été accordée pour un témoignage par vidéoconférence de Lyda Fuller, directrice de YWCA NWT (membre à part entière d’HFC, Lyda siège également à notre conseil d’administration).

Les deux rencontres n’auraient pas pu être plus différentes. Le lundi, Jeff Morrison de l’ACHRU n’a cessé de répéter que les maisons d’hébergement contre la VFF n’étaient que des «pansements temporaires». Quand on lui a demandé de partager une dernière réflexion à inclure dans le rapport du Comité, il a déclaré: «Avec le plus grand respect pour ce Comité, je vous suggérerais de changer l’orientation de votre travail. Comme nous l’avons mentionné les maisons d’hébergement sont importantes parce qu’elles jouent un rôle, mais elles ne sont qu’un pansement temporaire. Les maisons d’hébergement, particulièrement pour les femmes fuyant la violence, ne devraient pas être vues comme une solution. Elles devraient être considérées comme une étape sur le parcours… nous devons trouver des remèdes permanents. Plutôt que d’essayer de traiter la maladie, guérissons-la. Nous pouvons le faire en fournissant un accès à des logements sûrs et abordables et en augmentant l’offre de tels logements avec les soutiens qui s’y rattachent. J’espère que ce Comité va reconnaître dans son rapport final, qu’à long terme, c’est vraiment le type de solutions que nous devrions envisager.»

Durant toute la rencontre, il n’a pas été une fois question de la misogynie ou de la masculinité toxique et comment ces comportements sont la cause profonde de la nécessité des maisons d’hébergement. Tous les logements abordables du monde ne pourraient pas prévenir la violence faite aux femmes jusqu’à ce que ces causes profondes soient éliminées. Arlene Haché a donné l’exemple d’un récent incendie à Yellowknife pour montrer que les maisons d’hébergement ne sont pas vraiment utiles. Elle a dit que toutes les familles ont maintenant été relogées dans des logements du marché privé et se demande pourquoi elles n’étaient pas déjà dans ces logements avant l’incendie? Elle a toutefois omis de mentionner au Comité que ces familles paient 600$ de plus pour ces logements – de l’argent qu’elles n’ont pas – et qu’il y a eu récemment des problèmes de sécurité avec d’ex-partenaires qui ont requis l’intervention de la GRC.

La rencontre du mercredi a été totalement différente. Les maisons d’hébergement qui sont en première ligne ont finalement eu l’occasion de se faire entendre. Les trois organisations ont réitéré l’importance des programmes que dispensent les maisons d’hébergement et que ne peuvent pas offrir des logements à long terme: des programmes pour les femmes ayant subi des traumatismes, souffrant de traumatismes crâniens, vivant avec des problèmes de santé mentale ou de consommation de substances, engagées dans des procédures juridiques, etc. Le risque que doivent affronter les femmes qui quittent une relation – y compris celui d’être tuées – a également été soulevé et nous espérons que le Comité a entendu nos préoccupations. Comme l’a dit Jennifer de YWCA Lethbridge, «Si on se contente de bâtir plus d’espaces où vivre et ne soutenons pas adéquatement les personnes, nous n’allons pas réussir…Nous devons offrir la sécurité et un soutien continu.» Pendant la période de questions, elle a ajouté que «Ces femmes et ces enfants sont traquées, dans beaucoup de cas, …alors non seulement devons-nous mettre les soutiens en place, mais nous devons aussi nous assurer qu’elles soient le plus en sécurité possible. Le moment où l’on s’enfuit est le plus dangereux pour les femmes et les enfants.»

Il était décourageant de voir pendant la rencontre de lundi que certains partis politiques ont déjà pris des décisions stratégiques sur la façon d’interpréter le mandat de cet examen. Certains semblent avoir adopté explicitement l’orientation stratégique d’interpréter l’accent mis sur les maisons d’hébergement en les concevant littéralement comme une forme de logement et comme un espace physique. Cette orientation sert à dévier/distraire de toute discussion touchant les changements systémiques ou politiques sur la VFF et à recentrer la discussion sur la «solution» la plus fondée/orientée sur le marché – le logement.

Encore une fois, une tentative de porter ces préoccupations devant le Comité a été rejetée par la présidente, «Même si je reconnais que ce ne soit peut-être pas spécifique aux maisons d’hébergement, nous devons envisager le logement comme un lien complet et, que nous observions les marchés ou que nous observions les maisons d’hébergement, tout cela fait partie du même ensemble. Je vais permettre la poursuite de ces questions.» De plus, une autre députée a critiqué Bonnie Brayton de ne pas s’en être tenue au sujet de l’examen parce qu’elle a parlé de traumatismes crâniens et de l’importance pour les maisons d’hébergement de dépister cette condition dès l’admission. Bonnie a défendu sa position, déclarant «Il importe de comprendre que cela ne va pas fonctionner dans toutes les régions du pays de dire que ce sur quoi nous allons nous concentrer, ce sont les lits».

Bien entendu le Canada a besoin de plus de logements sûrs et abordables pour les femmes et leurs enfants qui quittent une maison d’hébergement. Nous savons qu’une des raisons qui forcent les maisons à refuser des femmes par manque d’espace est que les femmes hébergées n’ont nulle part où se loger en sortant. Toutefois, le simple fait de bâtir plus de logements sans services de soutien pour les femmes et les enfants fuyant la violence n’est pas la solution. Nous avons besoin des deux.

La rencontre de mercredi a été heureusement directement axée sur le sujet du présent examen – les maisons d’hébergement contre la VFF. Par exemple, quand on lui a demandé ce qu’elle recommanderait au gouvernement, Kristal du Centre de ressources et de crises familiales Beauséjour a déclaré, «Le financement de base, c’est ce pour quoi les organisations de femmes vont lutter dans tout le pays …Au bout du compte, nous ne pouvons pas accomplir notre travail efficacement si nous n’avons pas ce financement de base. …D’abord et avant tout, le financement de base, et aussi ce qui se fait ici aujourd’hui, écouter des expertes qui travaillent sur le terrain et sont en contact direct avec la clientèle». HFC revendique la même chose.

Rencontre 3: Écoutez la 3e rencontre de deux heures ici

Rencontre 4: Écoutez la 4e rencontre d’une heure et demie ici