Les derniers témoins que devait entendre le comité menant un examen sur le réseau de refuges et maisons de transition contre la VFF devaient présenter leur mémoire cette semaine. Vous trouverez la liste des témoins à la fin du présent message. Toutefois, en raison d’horaire parlementaire et d’une huitième session plus brève que prévue, une dernière session devrait avoir lieu vers la fin novembre.

Hébergement femmes Canada est très préoccupée par le manque de représentation de l’ensemble des témoins ayant comparu à ce jour. Durant les huit rencontres, 49 personnes ont présenté 40 témoignages (certaines organisations ont présenté plus d’un témoin pour livrer leur message). Sauf de rares exceptions, les témoins étaient des hommes et des femmes cisgenres de race blanche.

À date, AUCUNE organisation ou maison d’hébergement de femmes autochtones n’a témoigné devant le Comité. Certains témoins ont parlé de l’expérience des Autochtones qu’elles desservent, mais aucune organisation de femmes autochtone n’a pris la parole. Cette semaine, la première organisation autochtone sans but lucratif s’est présentée devant le Comité – l’Aboriginal Housing Society. Mais cette organisation n’est pas axée sur les femmes autochtones. Dans son témoignage, le directeur n’a pas ciblé les lacunes en matière de services pour les femmes fuyant la violence, mais encore une fois, a insisté sur le continuum du logement et la propriété immobilière.

Si l’on tient compte des statistiques, il est inconcevable que le Comité permanent n’ait pas entendu de témoignages présentés par les femmes autochtones elles-mêmes. Voici une sélection de statistiques tirées du document d’HFC Les chiffres publié l’année dernière:

  • Les femmes autochtones sont 2,7 fois plus susceptibles d’être victimes de violence que les femmes non autochtones.
  • Les taux de violence conjugale faite aux femmes autochtones sont plus de trois fois plus élevés que chez les femmes non autochtones.
  • Les femmes autochtones sont six fois plus susceptibles d’être assassinées que les femmes non autochtones.
  • Selon la GRC, 1 181 femmes et filles autochtones sont disparues ou ont été assassinées au Canada entre 1980 et 2012. Toutefois, diverses organisations de terrain et la ministre de la Condition féminine du Canada croient que ce chiffre est beaucoup plus élevé (près de 4 000).
  • Une recherche de l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) a trouvé que les homicides de femmes autochtones sont plus susceptibles de ne pas être résolus. Seulement 53% des cas de meurtres dans la banque de données de l’AFAC ont été résolus, par comparaison à 84% de l’ensemble des meurtres au Canada.
  • Alors que de nombreuses maisons d’hébergement reçoivent un financement gouvernemental inadéquat, les maisons desservant des femmes, des enfants, et des familles autochtones dans des réserves reçoivent jusqu’à 50% moins de subventions que leurs contreparties provinciales.
  • En 2016, le ministère fédéral Affaires autochtones et du Nord a déclaré avoir fourni des fonds à seulement 41 maisons d’hébergement pour desservir les 634 Premières nations reconnues au Canada.
  • Seulement 15 maisons d’hébergement desservent 53 communautés inuites dans tout le Nord. Plusieurs de ces maisons sont de petite taille et accessibles seulement par avion ou route de glace.

Les listes de témoins sont établies par les trois partis politiques qui siègent au Comité – chaque parti pouvant convier un certain nombre de témoins en fonction de sa représentation au sein du Comité, qui correspond à sa représentation dans le gouvernement (le parti libéral par exemple peut convier le plus de témoins, et le NPD le moins). Même si une ou deux organisations de femmes autochtones présentaient un mémoire pendant la dernière rencontre ajoutée, leur représentation statistique à titre de témoins demeurera inévitablement insuffisante.

Quant aux témoins de cette semaine, HFC se réjouit de constater que généralement, les refuges et maisons de transition (maisons d’hébergement) de première ligne qui desservent les femmes et leurs enfants fuyant la violence étaient au cœur des discussions. Certains des enjeux réitérés au cours des deux dernières rencontres comprennent:

  • Le problème d’avoir une seule travailleuse dans des maisons d’hébergement et les préoccupations de sécurité que cela entraîne, tant pour la travailleuse que pour les femmes et enfants hébergés.
  • Les lacunes en matière de niveaux de services comparables accessibles dans tout le pays, peu importe où vivent les femmes.
  • Le manque de financement de base et le fait que les nouvelles subventions ne peuvent être utilisées que pour financer des projets et des programmes déjà existants.
  • Le fait que le moment le plus dangereux pour une femme est celui où elle s’enfuit, et qu’il existe des obstacles systémiques qui lui rendent plus difficile l’accès aux prestations quand elle quitte l’agresseur. Par exemple, les femmes ont droit à un supplément au loyer par le biais d’Housing Nova Scotia, mais ce dernier n’est pas transférable. Si elle est harcelée par un partenaire violent et doit se reloger, elle perdra son supplément. Un autre exemple concerne la période d’attente de 90 jours pour changer son statut de mariée à célibataire auprès de l’ARC, retardant d’autant l’accès à l’aide sociale.

HFC a apprécié les témoignages éclairés présentés par les témoins ayant comparu cette semaine concernant le travail concret, qui sauve des vies, que réalisent les maisons d’hébergement. Comme l’a déclaré Joanne Baker de BCSTH, «C’est un travail spécialisé et complexe qui prend racine dans les mouvements féministes de la base inspiré et informé par l’expérience vécue des femmes elles-mêmes». Jennifer Gagnon de la South Shore Transition House Association a également fait écho à plusieurs témoins en répétant – «que de simplement créer des logements n’est pas une solution suffisante: Je peux dire honnêtement que les traumatismes ne sont pas guéris par une hypothèque. Les traumatismes prennent du temps. Les traumatismes prennent des soins. Les traumatismes prennent des gens qui comprennent. Il ne s’agit pas simplement d’obtenir une hypothèque… il faut d’abord traiter le traumatisme».

La septième rencontre du lundi 5 novembre a été divisée en deux sessions d’une heure. Voici les témoins de la première heure: Cynthia Drebot (directrice, North End Women’s Centre), Jennifer Gagnon (directrice, South Shore Transition House Association), Donna Smith (directrice, Tearmann Society for Abused Women), et Samantha Lacourse (coordonnatrice, A Safe Place, Victoria Faulkner Women’s Centre). La deuxième heure a vu défiler CaithlinScarpelli (directrice, Communications and Fund Development, Atira Women’s Resource Society), Geneviève L. Latour (directrice associée, Crossroads for Women Inc.), Fiona Cunningham (Mental Health Counsellor, Iris Kirby House), et Daisy Kler et Jean Fong (travailleuses en maison d’hébergement, Vancouver Rape Relief and Women’s Shelter).

La huitième rencontre du mercredi 7 novembre a été raccourcie à environ une heure quinze minutes pour cinq témoignages: Diane Beaulieu (directrice, Halton Women’s Place), Boyd Thomas (directrice, Aboriginal Housing Society), Joanne Baker (directrice, BC Society of Transition Houses), Ann Decter (directrice, initiatives communautaires, Fondation canadienne des femmes), et Linda Lafantaisie Renaud (directrice, Horizon Women’s Centre).

Rencontre 7: Écoutez la rencontre de deux heures ici

Rencontre 8: Écoutez la rencontre ici