Le 13 mai, le premier ministre Carney a dévoilé son nouveau cabinet, suivi par une lettre de mandat unique précisant sept priorités clés pour le gouvernement actuel. Le discours du Trône de la semaine dernière a ajouté un contexte important, notamment l’annonce d’un engagement à retirer les permis d’armes à feu aux personnes reconnues coupables de violence entre partenaires intimes (VPI).  

Il s’agit d’un pas essentiel – mais qui présente malheureusement la violence conjugale uniquement sous l’angle de la sécurité publique. Les discussions sur le contrôle des armes à feu sont essentielles, surtout si l’on considère leur rôle dans les féminicides – elles sont utilisées dans un tiers des cas, selon l’Observatoire canadien du féminicide pour la justice et la responsabilisation. Mais cela doit faire partie d’une réponse plus large et mieux coordonnée. Nous sommes prêtes à travailler avec le nouveau gouvernement pour mettre en œuvre des solutions plus holistiques, préventives et centrées sur les survivantes, qui s’attaquent aux causes structurelles de la violence basée sur le genre (VBG) et de la VPI. 

Nous saluons la nomination de l’honorable Rechie Valdez au poste de ministre des Femmes et de l’Égalité des genres (FEG). Il s’agit d’une victoire importante pour les défenseur·e·s de la justice de genre partout au pays. À un moment où la violence basée sur le genre atteint des niveaux épidémiques, où les femmes, les filles, les personnes de la diversité de genre et les personnes bispirituelles subissent de façon disproportionnée les effets de la pauvreté, de l’insécurité en matière de logement et du sous-financement des services sociaux, cette nomination montre que le gouvernement fédéral est à l’écoute.  

C’est un puissant rappel que la mobilisation féministe donne des résultats. 

Nous nous réjouissons également de la nomination de l’honorable Gregor Robertson au poste de ministre du Logement et des Infrastructures. Alors qu’il entre en fonction en tant que nouveau ministre, nous l’invitons à prendre des mesures audacieuses pour aller au-delà des solutions de logement axées sur le marché, qui ont échoué à garantir un logement sécuritaire et adéquat pour toutes et tous, et à s’orienter vers des modèles qui reconnaissent le logement comme un droit fondamental. Nous tenons à souligner en particulier l’investissement de 50 millions $ dans le logement avec services de soutien, annoncé dans l’Énoncé économique de l’automne, et le déploiement encourageant de cette initiative. 

Nous accueillons aussi favorablement l’engagement du gouvernement Carney envers la parité de genre au sein du cabinet. La représentation équitable est une étape essentielle vers une gouvernance inclusive. Nous encourageons le gouvernement à s’assurer que chaque ministre dispose des outils et des ressources nécessaires pour répondre aux besoins diversifiés des populations au Canada – y compris, mais sans s’y limiter, les femmes en situation de handicap, les femmes autochtones, les personnes 2SLGBTQIA+, les personnes nouvellement arrivées, les personnes à faible revenu et toutes celles et ceux qui font face à des obstacles croisés à l’égalité. Une véritable parité de genre exige une approche intersectionnelle et fondée sur les droits, où les décisions politiques sont guidées par les voix des personnes les plus touchées par les inégalités systémiques. 

Bien que la lettre de mandat commune au cabinet mette de l’avant des priorités économiques et infrastructurelles importantes, elle ne contient aucun engagement clair en matière de lutte contre la VFG ni de promotion de l’égalité des genres. Au cours des prochaines semaines, nous communiquerons avec les ministres clés pour leur soumettre des recommandations concrètes afin de garantir une réponse audacieuse, coordonnée et à la hauteur de l’urgence que représente la crise de la VFG. 

Nous sommes prêtes à travailler avec l’ensemble des ministres et leurs équipes pour mettre en place des solutions concrètes et durables qui répondent aux besoins des survivantes de violence fondée sur le genre – y compris les personnes en situation d’itinérance.